Le Mali et son histoire
 
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Fiche d'identité Mali
Superficie : 1.240.190 km² (deux fois et demi la France) La République du Mali est située au coeur de l’Afrique occidentale, ayant hérité de la colonisation, selon l’image d’un historien, « la forme d’un papillon aux ailes asymétriques ». Le Mali s’étend du plein coeur du Sahara au nord, jusqu’à la limite de la zone des grandes savanes au sud. le Mali partage 7.420 km de frontière avec sept Etats voisins : l’Algérie au nord, le Niger à l’est, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et la Guinée au sud, le Sénégal et la Mauritanie à l’Ouest. Le Mali ne dispose d’aucun accès à la mer et les ports de Dakar et d’Abidjan, par où passe l’essentiel de son trafic international, sont distants de 1.200 km environ de Bamako. Point le plus haut : le Hombori Tondo (1155 m) situé dans la partie centrale du pays.
Relief: Le Mali est constitué à 90% de vastes plaines et de bas plateaux, dont l’altitude n’excède pas 300 m. Quelques massifs montagneux se dressent au milieu de ces étendues plates, tels que les Monts Mandingues, l’Adrar des Iforas et la falaise de Bandiagara au pays Dogon. La répartition de la population au sein du territoire malien est profondément marquée par les conditions bioclimatiques. Le réseau hydrographique s’articule autour des bassins versants de deux fleuves, tout deux situés dans la partie méridionale du territoire, le Sénégal et le Niger. Ils assurent une part essentielle des transports. Toutefois, ces derniers ne s’écoulent pas de façon pérenne : le Niger est navigable six mois par an, entre juillet et janvier. Il forme une boucle longue de 1.700 km au sommet de laquelle il se divise en de multiples bras formant un véritable « delta intérieur ». Ses affluents drainent le sud-ouest et le nord-est du pays. Cette zone constitue un territoire de 50.000 km², soit environ 6% de la superficie totale du pays. Le fleuve Niger occupe une place prépondérante dans l’économie, le développement et l’organisation spatiale du pays.


Population et Politique du Mali
L
a population malienne est estimée à 11.910.000 habitants dont 71% de ruraux. Elle est très jeune avec 49% de moins de 15 ans. Le taux de scolarisation dans le primaire reste faible avec 54% des enfants scolarisés. De nombreuses ethnies cohabitent : Bambara (35%), Peuhl (12%), Touareg et Maure, Senoufo, Sarakolé, Songhaï, Malinké, Bobo, Minianka, Toucouleur, Somonono, Bozo, Dogon, etc. Le pays connaît une forte émigration, notamment vers la France, des populations sarakolé de la région de Kayes. Densité : 9,6 hab/km2, l’une des plus faibles du monde. Capitale : Bamako Langues : Le français est la langue officielle mais le bambara est bien plus utilisé (environ 60% de la population). Quelques autres langues africaines (peul, sénoufo, soninké, tamasheq, Sonrhaï, dogon...) se partagent le reste.
Religion: Environ 85 % de la population malienne est de religion musulmane, 8 % sont animistes, 5 % sont chrétiens, mais des traces d'animisme substistent chez la plupart des habitants.
Monnaie : Le franc CFA, 1€= 655 F CFA
PIB 2005: 370 $ / habitant , au delà du centième rang mondial
Président de la République, M. Amadou Toumani TOURE Premier ministre, M. Ousmane Issoufi MAIGA.


Économie du Mali

- Le Mali est l’un des pays les plus pauvre du monde. L’indicateur de pauvreté humaine (47,3 %) le classe 81e sur 88 pays en développement alors que l’indice de développement humain (IDH) positionne le Mali en 164e sur 173 en 2000.
- Le Mali, classé parmi les pays les moins avancés (64% de la population vit sous le seuil de pauvreté), sort à peine d’une crise économique sous-tendue par les turbulences dans le secteur coton, seconde ressource d’exportation du pays après l’or.
- Le taux de croissance du PIB à prix constant a été de 4,3 % en 2002, 7,2 % en 2003 et de 2,2 % en 2004. En 2004, cette détérioration est, selon le FMI, due à la baisse de la production aurifère (principale ressource) mais est aussi imputable à des chocs extérieurs : invasion acridienne, chute des cours du coton, hausse des cours du pétrole, dépréciation du dollar par rapport à l’Euro et crise ivoirienne.
- Pour 2005, le FMI prévoit un écart de financement important, notamment en raison du retard pris dans la restructuration d’ensemble de la filière coton, dominée par la Compagnie malienne des textiles (CMDT) dont l’Etat est actionnaire majoritaire. La faiblesse des cours du coton constitue une menace pour un pays tel que le Mali. Aussi, il s’est associé au Bénin, au Tchad et au Burkina Faso pour demander à l’OMC la mise en place d’un système de réduction du soutien à la production cotonnière (subvention que les pays du Nord accordent à leurs propres producteurs) en vue de sa suppression et l’adoption d’un mécanisme d’indemnisation au bénéfice des pays producteurs du Sud. La France appuie cette demande.
- Le potentiel minier est également très important. Au-delà, l’économie malienne demande à être diversifiée. Les privatisations, qui accusent un lourd retard, devraient attirer les investisseurs. Le Mali dispose d’un code des investissements comparable à celui des autres pays de l’UEMOA. Depuis 1987, une quarantaine d’entreprises publiques ont été privatisées. Le Mali a atteint en juillet 2003 le point d’achèvement de son programme PPTE (initiative pour les pays pauvres très endettés). Il devrait ainsi bénéficier de la récente décision du G8 relative à l’annulation de la dette multilatérale qui s’élèverait à 0,6 % du PIB par an, à moyen terme. En 2004, l’aide publique au développement, par habitant, est de 37,4$ en versements nets.
- Le revenu par habitant au Mali, estimé à 370 $ est très inférieur à la moyenne pour l’Afrique Subsaharienne (510 dollars). En 2001, 63,8% de la population vit dans la pauvreté et 21 % dans l’extrême pauvreté.
- Le Mali souffre de son enclavement. Ne possédant aucune façade maritime, il est dépendant des ports des pays de la sous-région, Abidjan était le principal port utilisé jusqu’au déclenchement de la Guerre civile de Côte d'Ivoire. Depuis, les ports de Lomé au Togo et Nouakchott en Mauritanie, ainsi que Dakar au Sénégal ont pris la relève. Mais les infrastructures routières insuffisantes sont un frein.
- L’économie du Mali est avant tout agricole. 80 % de la population active travaille dans ce secteur qui représentait 44 % du PIB en 1995 (16 % pour le secteur secondaire et 40 % pour le secteur tertiaire). Mais la production agricole est faible, souffrant à la fois d’un manque d’infrastructure en milieu rural, de rendement faible trop lié aux variations climatiques. En dehors de la région de Sikasso, l’autosuffisance alimentaire n’est pas assurée.
- Les industries de transformations sont peu développées et essentiellement concentré à Bamako. La plus grande partie de la population travaille dans le secteur informel. Les politiques d’ajustement structurel imposées par le Fond monétaire international (FMI) depuis les années 1970 a conduit les gouvernements à réduire les budgets sociaux consacrés aux dépenses d’éducation et de santé.
- La dévaluation du franc CFA en janvier 1994 a plongé un nombre important de famille dans des situations d’extrême précarité. Ces politiques, tout comme la démocratisation du pays, ont cependant rassuré les investisseurs étrangers. Le Mali reste dépendant de l’aide étrangère. L’argent envoyé par les émigrés en Europe et particulièrement en France, originaire principalement de la région de Kayes, est une source de revenus essentielle, dépassant l’aide au développement octroyée par les « pays riches ».
- Le Mali, avec les mines d’or de Sadiola, Morila et Yatela, est le troisième producteur d’or en Afrique (derrière l’Afrique du Sud et le Ghana) avec une production de 63 tonne en 2002, production qui a doublé entre 2000 et 2002. Cette production représente 12 % du produit intérieur brut du Mali et 67% des produits d'exportation (300 milliards de francs CFA). Entre 1997 et 2005, la production d’or a rapporté au Mali plus de 600 milliards de francs CFA.

Histoire du pays et de ses relations avec la France
Le Mali possède une histoire riche et relativement bien connue. Il a été le siège de trois grands empires : l'empire du Ghana, l'empire du Mali et l'empire Songhaï. Il sera par la suite une colonie française. Quelques années après l'indépendance, il subira la dictature de Moussa Traoré avant de connaître un régime démocratique depuis le début des années 1990.

Histoire précoloniale
Préhistoire: Les premières traces de peuplement humain remontent au Ve millénaire av. J.-C. Au IIIe millénaire av. J.-C. les modifications climatiques entraînent un fort afflux de populations en provenance du Sahara. L'Empire du Ghana: Aussi nommé Ouagadou, il est érigé par les Sarakolés au IVe siècle. Il fonde sa prospérité sur le sel et l'or. L'empire se désagrégera en 1076 suite aux percées des berbères venus islamiser l'Afrique occidentale. Empire du Mali: Fondé au XIe siècle il sera unifié par Sundjata Keïta en 1222 qui proclame la Charte du Manden. À son apogée sous le règne de Mansa Moussa il s'étendait sur une région comprise entre l'océan Atlantique et le Niger. Ce souverain sera célèbre pour les fastes de son pèlerinage à la Mecque. Son armée était composée de 100 000 soldats. La prospérité de l'empire reposait sur le commerce transsaharien du cuivre, du sel, de l'or et des étoffes. Les caravanes favoriseront également les échanges culturels. Tombouctou, Gao et Djenné furent les centres économiques et culturels de cette civilisation au centre de l'islam soudano-malien. L'Empire Songhaï Fondé par Sonni Ali Ber puis Askia Mohammed , il supplante l'empire du Mali à partir du XVe siècle. Il s'étend alors sur la plus grande partie du Mali actuel. En 1591 l'empire est quasiment entièrement démantelé par les troupes du pacha Djouder en provenance du Maroc. Succéde une mosaïque de petits États: les royaumes bambaras de Ségou et du Kaarta, l'Empire peul du Macina, l'Empire toucouleur, le Royaume du Kénédougou... La pratique de l'esclavage se développe pendant cette période. Au XIXe siècle les Bambaras qui comme les Dogons ont résisté à l'islamisation sont victimes de la guerre sainte menée par le chef musulman El Hadj Oumar Tall.

La colonisation

En 1864, les troupes françaises de Louis Faidherbe vainquent celles de El Hadj Oumar Tall à Bandiagara. De 1880 à 1898, Joseph Gallieni entreprend la conquête de la région. La capture de Samory Touré marque la victoire des Français. Le Mali (sous le nom de Haut-Sénégal-Niger) devient, en 1895, une colonie française intégrée à l'Afrique Occidentale Française avec une portion de la Mauritanie, du Burkina Faso et du Niger. Kayes devient son chef-lieu pour laisser la place, en 1907, à Bamako. En 1920, elle est appelée Soudan français.

L'indépendance

Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale toute activité politique est interdite dans la colonie.
En 1946 le parti indépendantiste du rassemblement démocratique africain (RDA), est crée à Bamako.
En 1956 le Soudan français devient une république autonome de la Communauté française.
Le 17 janvier 1959 il forme avec le Sénégal la Fédération du Mali qui proclame son indépendance le 20 juin 1960. Cette fédération éclate quelques mois plus tard et la république du Mali est proclamée le 22 septembre 1960. Le pays devient membre de l'Organisation des Nations unies quelques jours plus tard. Le nationaliste africain Modibo Keïta en est premier président. Le pays entre alors dans la sphère d'influence soviétique.
En novembre 1968, l'échec de la politique économique de Modibo Keïta entraîne un coup d'État militaire qui porte au pouvoir Moussa Traoré.
Janvier 1969 : le Comité militaire de libération nationale met à la retraite une dizaine d’officiers supérieurs dont le colonel Sékou Traoré qui commandait l’armée sous Modibo Keita.
Septembre 1969 : Remaniement du gouvernement de Yoro Diakhité à la suite d’une tentative de putsch survenue en août et conduite par le capitaine Diby Silas Diarra. Moussa Traoré devient chef du gouvernement et remplace Yoro Diakhité, en cumulant ainsi les fonctions de chef de l’État et de chef du gouvernement. Création d’une Cour de sûreté de l’État. La trentaine de putschistes sont condamnés aux travaux forcés et meurent en détention.
Septembre 1970 : Remaniement ministériel qui voit Yoro Diakhité chargé des Affaires étrangères et semble signifier la réconciliation des deux hommes forts du régime. Plusieurs intellectuels sont alors condamnés pour offense au chef de l’État.
19 octobre 1970 : Le gouvernement militaire dissout le bureau désigné par le Congrès de l’union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et place sous sa coupe le mouvement syndical, ce que confirme la mise en place, en juillet 1971, d’un comité de coordination des travailleurs qui n’est qu’une émanation des services de sécurité. 8 avril 1971 : Moussa Traoré dénonce l’existence d’un complot ourdi par Yoro Diakhité. Arrêté, celui-ci sera jugé en juillet 1972 et condamné aux travaux forcés. Il meurt en juillet 1973, dans les mines de sel de Taoudeni.
1972 : Signature entre l’Église catholique et l’État malien d’une convention intégrant les écoles catholiques dans l’enseignement public.
1972-1974 : La sécheresse qui affecte les régions de Gao et de Tombouctou depuis 1970 prend une dimension catastrophique. On dénombre 100 000 victimes et la disparition de la moitié du cheptel dans le nord du pays. C’est l’occasion de détournements de l’aide internationale qui n’est que très inégalement distribuée, la famine constituant, pour le gouvernement de Bamako, un moyen de venir à bout de la dissidence des Touareg sahariens. La crise est surmontée avec les pluies qui interviennent au cours de l’été de 1974 mais les communautés touareg ont été terriblement éprouvées.
Juillet 1973 : Les accords de coopération franco-maliens sont reconduits pour cinq ans.
1973 : Création de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest regroupant sept pays – Bénin, Burkina Faso (qui est encore la Haute-Volta à l’époque), Niger, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Sénégal et Mali. Cette organisation que Félix Houphouët-Boigny entend utiliser pour faire contrepoids à un Nigeria tenté de jouer le rôle de grande puissance régionale est perçue en fait comme un club francophone et disparaît en 1994, un an après la mort du chef de l’État ivoirien.
2 juin 1974 : Une nouvelle constitution est proposée aux Maliens, qui votent alors pour la première fois depuis la chute de Modibo Keita. Le oui l’emporte par 99 % des voix… La nouvelle constitution démocratise en apparence la vie politique. Elle prévoit l’élection d’une Assemblée nationale mais institue un système de parti unique, un chef de l’État élu pour six ans au suffrage universel qui sera en même temps chef du gouvernement alors qu’une Cour suprême vérifiera la constitutionnalité des lois. Monocamérale, l’Assemblée nationale se réunit en deux sessions annuelles dont la durée ne peut excéder deux mois. Elle vote les lois mais en partage l’initiative avec le président qui peut la dissoudre alors qu’elle-même n’a aucun moyen d’action sur le gouvernement et le président de la République. Le CMLN est chargé de conduire, pour cinq années supplémentaires, les affaires du pays. Un article élimine pour dix ans de la vie politique tous ceux qui ont exercé des fonctions politiques avant le putsch du 19 novembre. Lors des élections présidentielles et législatives qui suivent, Traoré et son parti, l’Union démocratique du peuple malien, obtiennent 99 % des suffrages exprimés.
Novembre 1974 : Des incidents frontaliers opposent les troupes maliennes et voltaïques et, au mois de janvier suivant, des rumeurs selon lesquelles des Voltaïques auraient été molestés à Bamako entraînent des incidents antimaliens à Bobo Dioulasso, deuxième ville de la Haute-Volta (l’actuel Burkina Faso). La crise trouve son issue en juin 1975 avec la conférence des chefs d’État ouest-africains réunis à Lomé pour apaiser le conflit qui concerne 160 km de frontière, dans une région que l’on suppose riche en manganèse et peut-être même en pétrole. La crise est ainsi réglée pacifiquement par le maintien du statu quo ante.
11 juillet 1975 : Les présidents Moussa Traoré et Sangoulé Lamizana signent à Conakry un accord de paix permanente qui fait suite au conflit frontalier entre le Mali et la Haute-Volta.
1975 : Traité instituant la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) qui comprend seize États – Bénin, Burkina Faso (Haute-Volta), Cap Vert, Côte-d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo. Le traité prévoit la création d’un marché commun pour 1989, avec un tarif extérieur commun en 1994 ainsi que l’harmonisation des politiques fiscale et monétaire mais ces objectifs ne seront pas atteints.
17 mai 1977 : Les funérailles de Modibo Keita fournissent à l’opposition l’occasion de manifester dans la rue.
14 octobre 1977 : Signature d’une convention militaire franco-malienne qui renoue les relations interrompues en 1960.
28 février 1978 : Tentative avortée de coup d’État. L’arrestation de plusieurs ministres est annoncée, notamment celle de Kissima Dounkara, ministre de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité. Le pouvoir dénonce, par allusion aux événements de Chine, la « bande des quatre » ainsi incarcérée mais d’autres arrestations sont effectuées dans l’armée et dans la haute administration.
30 mars 1979 : Le gouvernement annonce la création d’un parti politique unique, l’Union démocratique du peuple malien dont le congrès constitutif se tient à Bamako du 28 au 31 mars. Le retour à une « vie constitutionnelle normale » se confirme.
19 juin 1979 : Moussa Traoré est réélu à la présidence à la quasi-unanimité alors que les candidats du parti unique recueillent 99,85 % des suffrages lors des élections pour la désignation de l’Assemblée. Le 28 juin, les membres du CMLN quittent le gouvernement pour rejoindre la direction de l’UDPM.
Novembre 1979 - juin 1980 : Le Mali est confronté à une grève scolaire et étudiante de grande ampleur à laquelle le pouvoir répond par la répression et par la fermeture de fait de nombreux établissements. Le leader du mouvement étudiant, Abdoul Karim Camara, meurt le 17 mars 1980 dans les locaux de la police. Le pouvoir est de plus en plus contesté. Alpha Oumar Konaré, ministre de la Jeunesse, démissionne le 2 août 1980.
1981 : Le Mali obtient la garantie financière de la France pour pouvoir réintégrer l’Union monétaire ouest-
africaine. Paris reste le premier client et absorbe 30 % des exportations maliennes, en assurant 40 % des importations. La France intensifie son aide budgétaire et son assistance technique.
1984 : Le Mali réintègre pleinement l’Union monétaire ouest-africaine. Mars 1985 : Le deuxième Congrès du parti unique UDPM (Union démocratique du peuple malien) modifie l’article 22 de la constitution de 1974 qui prévoyait que le président ne pouvait être réélu qu’une fois. C’est la porte ouverte à une pérennisation du pouvoir de Moussa Traoré, le président en exercice.
11 juin 1985 : De nouveau candidat à l’élection présidentielle, Moussa Traoré est réélu avec 99,94 % des suffrages exprimés. La liste unique de l’UDPM (établie de fait par le chef de l’État) obtient dans le même temps 99,92 % des suffrages.
25 décembre 1985 : Reprise du conflit entre le Mali et le Burkina (la guerre de l’Aguacher). Le président burkinabé Thomas Sankara veut récupérer une bande de terre située au nord du territoire du Burkina Faso et peuplée de Touareg. Les modifications de frontières intervenues entre les deux territoires durant la période coloniale ouvrent en effet la voie à toutes les contestations. Des incidents armés avaient déjà eu lieu en 1974, 1975 et 1976. L’affaire était depuis octobre 1985 soumise à l’arbitrage de la Cour internationale de La Haye. Le déclenchement des hostilités voit les Maliens bombarder le nord-ouest du Burkina et les Burkinabés bombarder Sikasso. Le conflit, une « guerre de pauvres » selon le journal Le Monde, se poursuit pendant six jours jusqu’au 31 décembre et apparaît d’autant plus dérisoire que l’Aguacher ne dispose d’aucune richesse minière particulière.
30 mai 1986 : Un remaniement gouvernemental voit la création du poste de Premier ministre, confié à Mamadou Dembélé qui avait été l’un des principaux artisans de la répression contre les mouvements étudiants de 1979-1980.
22 décembre 1986 : La cour de La Haye accorde la partie orientale de l’Aguacher, la région de Béli, au Burkina Faso et la partie occidentale au Mali.
20 février 1987 : Moussa Traoré nomme Zoumana Sacko ministre des Finances. Celui-ci engage une lutte farouche contre la corruption mais, soumis à de fortes pressions, est contraint de démissionner dès le mois d’août.
Mai 1988 : Moussa Traoré est nommé président de l’Organisation de l’unité africaine. Le bilan de cette présidence apparaîtra extrêmement mince.
6 juin 1988 : Le président Moussa Traoré supprime le poste de Premier ministre détenu par Mamadou Dembélé et reprend le portefeuille de la Défense.
Novembre 1988 : Le vingtième anniversaire du coup d’État de 1968 donne l’occasion à Moussa Traoré de justifier une action qui visait, selon lui, à « éviter le chaos ». Il décide par ailleurs la libération de 240 prisonniers politiques et la fermeture du bagne de Taoudéni.
Juin 1990 : Sommet franco-africain de La Baule. François Mitterrand conditionne la continuité de l’aide française au développement à la réalisation d’avancées démocratiques. La même année voit la création de plusieurs partis et mouvements tels que le Congrès national d’initiative démocratique, l’Alliance pour la démocratie au Mali et l’Association des élèves et étudiants du Mali qui s’allient pour dénoncer le régime de Moussa Traoré. Intervenant après la chute du mur de Berlin survenue en novembre 1989, la nouvelle vision française de la démocratie et du développement sur le continent noir favorise naturellement la remise en cause des régimes autoritaires qui profitaient de la division engendrée par la guerre froide pour justifier leur caractère liberticide.
29 juin 1990 : Déclenchement de la rébellion targuie contre la dictature militaire, suite au vol de milliers de tonnes de vivres fournis par l’aide internationale en raison de la sécheresse. Elle se traduit par l’attaque lancée contre la prison de Menaka où étaient détenus les Touareg. Des postes militaires isolés sont ensuite attaqués.
6 janvier 1991 : Conclusion, à Tamanrasset, d’un accord de paix entre les rebelles Touareg et le gouvernement de Bamako.
23 mars 1991 : Une vingtaine de manifestants sont tués au cours des affrontements qui, entamés dès le 21, opposent à Bamako étudiants et forces de l’ordre. La capitale malienne connaît quatre jours durant une situation insurrectionnelle.
26 mars 1991 : Coup d’État militaire et arrestation de Moussa Traoré pour corruption.
26 mars 1991 : Un Conseil de réconciliation nationale exerce le pouvoir et engage des pourparlers avec l’opposition. Il est dirigé par le colonel Amadou Toumani Touré.
2 avril 1991 : L’ancien ministre des Finances Soumana Sacko est nommé Premier ministre.
29 juillet-12 août 1991 : La conférence nationale chargée de conduire la transition démocratique s’ouvre à Bamako, présidée par Amadou Toumani Touré, président du Comité de transition pour le salut du peuple créé sur la base d’un accord entre les militaires et les forces démocratiques.
Août 1991 : Le gouvernement malien rend public le bilan des affrontements entre l’armée et les Touareg au cours de l’année écoulée. Selon le ministère de la Défense et de la Sécurité intérieure, il s’élève à 150 tués chez les militaires. Le problème est moins grave qu’au Niger voisin mais la guérilla targuie considérée à Bamako comme une forme de « banditisme armé » se manifeste de manière chronique, principalement dans les régions de Gao et de Tombouctou.
12 janvier 1992 : À l’issue d’un référendum qui voit, par 99,76 % de oui, l’adoption du multipartisme et d’un nouveau texte constitutionnel, la constitution de la IIIe République est promulguée. Le pouvoir exécutif est détenu par un président élu pour cinq ans au suffrage universel et par un Premier ministre ; le pouvoir législatif est exercé par une Assemblée nationale monocamériste élue elle aussi pour cinq ans. Des élections municipales ont lieu le 19 janvier. Les élections législatives qui les suivent les 9 février et 8 mars voient une large victoire de la coalition gouvernementale sortante. Ces diverses consultations s’effectuent sous le contrôle d’une quarantaine d’observateurs étrangers.
12 avril 1992 : Des délégués des Mouvements et Fronts unis de l’Azawad représentant la guérilla targuie signent à Bamako avec les autorités maliennes et sous l’égide de l’Algérie dont la médiation s’est révélée décisive, le Pacte national sur la question du Nord (dont les termes ont été négociés à Alger en mars) qui met fin à deux ans de guérilla et accorde aux populations du désert une certaine autonomie.
26 avril 1992 : Alpha Oumar Konaré, candidat de l’Alliance pour la Démocratie, est élu président de la République. Avec 45 % des voix obtenues au premier tour contre huit concurrents. Son principal adversaire, Tiéoulé Mamadou Konaté, obtient près de 14,5 % des voix, les autres candidats jouant les figurants (une victoire qui ne traduit pas vraiment, en raison d’une participation très réduite au scrutin, de l’ordre de 24 % des inscrits, l’état d’esprit du pays réel). Le deuxième tour voit Konaré l’emporter sur Konaté par 69,01 % des voix (contre 30,99 % à son adversaire). Le vainqueur de la consultation entre en fonction le 8 juin. C’est la « IIIe République » du Mali qui commence avec lui, après la première, dominée par Modibo Keita, et la seconde, qui s’est confondue avec le régime de Moussa Traoré. On considère généralement à l’étranger que le Mali a réalisé en quelques mois une « transition démocratique » exemplaire.
12 février 1993 : Moussa Traoré, dont le procès a débuté le 4 juin 1992 avant d’être reporté en novembre, est condamné à mort, ainsi que trois autres chefs militaires, pour la répression des émeutes conduite par l’armée en 1991 (elle a entraîné la mort de deux cents personnes).
5 avril 1993 : Reprise de l’agitation étudiante. Les manifestants s’en prennent à l’Assemblée nationale. Démission le 9 avril du gouvernement de Younoussi Touré.
12 janvier 1994 : Dévaluation de 50 % du franc CFA par rapport au franc français (décidée à la conférence de Dakar réunissant les chefs d’État et de gouvernement des quatorze pays de la Zone Franc).
2 février 1994 : Reprise de l’agitation étudiante. Démission du Premier ministre Abdoulaye Sékou Sow. Il est remplacé le 4 par Ibrahim Boubacar Keita, troisième Premier ministre du président Alpha Oumar Konaré. La situation de l’enseignement qui est l’objet d’une forte demande sociale est à l’origine d’une contestation chronique, consécutive au faible taux de scolarisation (encore plus faible pour les filles) et à l’insuffisance des moyens en personnel, en locaux et en matériel pédagogique.
15 février 1994 : Fermeture des écoles et arrestation de plusieurs leaders étudiants accusés de vandalisme. L’opération « ville morte » organisée à Bamako le 31 mars suivant est un échec.
27 mars 1996 : Dissolution des mouvements armés touareg. Échec du pacte national de 1992.
1996 : Élaboration d’un programme décennal pour l’éducation et la culture, qui n’obtient pas les résultats escomptés puisque l’analphabétisme perdure massivement au début du XXIe siècle.
27-30 janvier 1997 : Tenue à Kayes d’un forum franco-malien portant sur le développement local et les moyens de limiter l’émigration. 9 mai 1997 : Réélection pour cinq ans d’Alpha Oumar Konaré. Il décide commuer en emprisonnement à vie la peine de mort prononcée contre les quatre accusés considérés comme responsables de la mort des victimes tombées lors des journées insurrectionnelles de mars 1991.
17-20 décembre 1997 : Tournée africaine du Premier ministre français Lionel Jospin (au Maroc, au Sénégal et au Mali où il prononce un discours consacré à l’aide au développement).
1997-1998 : Le Mali devient le premier producteur de coton de l’Afrique subsaharienne (les 522 000 tonnes produites constituent un record absolu depuis l’introduction de cette culture). Avec 663 000 tonnes de riz, le pays, qui n’en consomme que 384 000, dispose de surplus exportables importants. Ces bons résultats conduisent au report de la privatisation, demandée par la Banque mondiale, de la Compagnie malienne de développement textile (compagnie au sein de laquelle l’État malien demeure majoritaire). Malgré ce bilan encourageant, l’émigration demeure toujours aussi massive.
12 octobre 1998-12 janvier 1999 : Procès des dirigeants de l’ancien régime poursuivis pour crimes économiques. Il se déroule dans des conditions discutables, au point que le collectif de défenseurs se retire le 16 décembre.
Février 2000 : Mandé Sidibé succède à Ibrahim Boubacar Keita au poste de Premier ministre.
2000 : Alpha Omar Konaré annonce qu’il renonce à se succéder à lui-même en 2002, au terme de son mandat. La lutte pour la succession divise l’ADEMA, le parti dominant. En novembre 2000, Diacounda Traoré est élu président du parti contre le Premier ministre Mandé Sidibé.
Février 2001 : Signature par les partis politiques d’un pacte de bonne conduite en vue des élections de 2002. Le multipartisme est devenu une réalité. Le pays compte une cinquantaine de partis dont une vingtaine représentés dans les conseils municipaux, huit à l’Assemblée nationale et cinq au gouvernement.
8 juin 2002 : Amadou Toumani Touré est élu président. Ahmed Mohammed Ag Hamani devient Premier ministre.
2003 : L’ancien président du Mali, Alpha Omar Konaré, accède à la présidence de l’Union africaine qui a succédé à l’Organisation de l’unité africaine.
2003 : Le pays est confronté à la disette et bénéficie d’une aide alimentaire fournie par la communauté internationale qui, sur l’initiative de la France et dans le cadre de l’aide aux « pays pauvres très endettés », annule pour 675 millions de dollars la dette malienne.
Février 2004 : Congrès du Parti pour la renaissance nationale (PARENA) de Tiébilé Dramé qui critique le pouvoir, également contesté lors du congrès constitutif du Bloc des alternatives pour le renouveau africain de Yoro Diakité.
29 avril 2004 : Ousmane Issoufi Maïga devient Premier ministre et constitue un gouvernement réduit à 28 membres qui remplace celui de Ahmed Mohammed ag Hamini. Il s’agit d’un gouvernement de consensus dans lequel la plupart des partis sont représentés.
30 mai 2004 : Élections municipales. L’Alliance pour la démocratie au Mali, l’Adema anciennement au pouvoir, arrive en tête avec 28 % des sièges ; de nombreux petits partis soutiennent le président Amadou Toumani Touré.
2004 : Le Mali souffre d’une invasion de criquets pèlerins entraînant un déficit céréalier de 450 000 tonnes.
12 novembre 2005 : Inauguration de la mine d’or de Loulo, qui va permettre de faire passer la production de 40,5 tonnes en 2005 à 64 tonnes en 2006. L’exploitation aurifère représente une part importante du PIB malien, le pays devenant désormais le troisième producteur du continent, après l’Afrique du Sud et le Ghana.
3-4 décembre 2005 : Le 23e sommet franco-africain se réunit à Bamako. 2005 : Le Mali atteint un taux de croissance de 5,9 % sur l’année. La production de coton augmente mais la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT) est en difficulté en raison de la faiblesse des cours et sa privatisation est repoussée à 2008.
22 mai 2006 : Des rebelles touareg s’emparent de deux camps militaires à Kidal, dans le nord du pays, à quelques centaines de kilomètres des frontières de l’Algérie et du Niger puis se replient en emportant d’importantes quantités d’armes.